Fête de la femme... Vous la mériterez toujours !
"Le travail contribue à l'émancipation de la femme. Par son labeur, une femme ou une jeune fille assure son existence et devient consciente de sa dignité", avait déclaré l'ancien président de la République, Habib Bourguiba le 26 décembre 1962.
L'Histoire de la Tunisie a toujours été étroitement liée aux femmes, avant même Didon, la reine de Carthage, en passant par la Kahena, Arwa al-Himarriya, à l'origine du "Contrat de mariage kairouanais" et qui a imposé, dès les premiers siècles de l'Islam, la monogamie ou le droit automatique au divorce, la femme sainte Saïda El Manoubia, la mécène Aziza Othmana, la militante féministe Bchira Ben Mrad, Radhia Haddad, première présidente de L'Union nationale des femmes tunisiennes et première femme du Burau politique du parti au pouvoir post-indépendance, Tawhida Ben Cheikh, première médecin femme arabe, Bochra Bel Hadj Hamida, Jalila Hafsia, Lina Ben Mhenni...; toutes militantes pour la promotion de la condition de la femme et, par là-même pour un Etat moderne où la femme jouit des mêmes droits que l'homme.
Et la femme fut libérée
Le 13 août 1956, moins de cinq mois après l'indépendance, Bourguiba promulguait le Code du statut personnel, alors qu'il n'était que Premier ministre du Bey et qu'il n'était pas encore question de République ni de nouvelle Constitution. Ce code instituait l'égalité entre l'homme et la femme à tous les niveaux, sauf pour ce qui est de l'héritage, à moins que les parents n'en décident autrement, interdisait la polygamie, fixait l'âge minimum obligatoire du mariage et abolissait le divorce arbitraire.
Une première dans le monde arabo-musulman mais loin d'être surprenant en Tunisie, un pays qui a, depuis toujours, connu des mouvements et des penseurs avant-gardistes favorables à l'émancipation de la femme.
Certes le Code du statut personnel s'écarte de la norme coutumière, mais il ne rompt jamais pas avec la religion, notamment en ce qui concerne l'égalité dans l'héritage, comme mentionné plus haut.
Dans son ouvrage "Politique, religion et droit", Yadh Ben Achour, écrit, d'ailleurs : "Le CSP demeure encore accroché au ciel des étoiles naissantes. Il reste un enjeu. Il n’est pas à l’abri de renoncements, si trop de forces matérielles et mentales se conjuguent contre lui. Il n’est pas encore pleinement un droit où idéalité et réalité se rapprochent. La famille tunisienne est encore empêtrée dans trop d’archaïsmes et subit trop violemment les effets de l’anomie sociale pour pouvoir pleinement bénéficier des réformes bourguibiennes."
Les droits des femmes..Un acquis menacé ?
Aussi, malgré ses acquis et son statut exceptionnel et bien qu'elles aient joué un rôle primordial dans le développement du pays et dans la transition démocratique ayant suivi la Révolution, les femmes continuent-elles d'être victimes de violence physique, sexuelle, psychologique ou économique.
D'ailleurs, le taux de violence à l’encontre des femmes est alarmant en Tunisie et ne cesse de s'accroître.
Selon les derniers chiffres, depuis le début de l'année 23 femmes ont été tuées contre 15 l'année dernière. La majorité des victimes ont été assassinées par leurs maris, ce qui prouve que la société tunisienne reste encore patriarcale et la mentalité souvent sexiste.
Certes la femme, depuis des décennies, en alliée alliée de l'homme, est prédominante dans plusieurs secteurs de la vie active et économique et qu'elle est devenue même, dans une large proportion, soutien de famille, grâce notamment, à son travail qui, comme le disait Bourguiba, contribue à son émancipation et assure son existence, mais le chemin vers l'égalité entière reste long et il il demeure beaucoup à faire au niveau des mentalités.
Bonne fête à vous Mesdames Mesdemoiselles et petites filles tunisiennes... vous ferez que l'avenir sera meilleur que le présent !
Lâameri Dorsaf